Le quai du départ
les gens, les cris des oiseaux, les cris à l’intérieur de toi
à l’unisson, tout le temps
« Fichez moi la paix », tu aurais envie de t’exclamer
mais toi aussi, tu es pris par le mouvement du jour.
Tu feras un voyage qui ne s’arrêtera pas au pays voisin.
Dans ta poche :
Le papier qui jure ton identité fausse
Le papier qui te permet de quitter cet endroit où tu aurais aimé rester
Le papier qui te permet de passer par un pays encore inconnu dont tu aurais préféré pas faire la connaissance
Quelques pièces de monnaie étrangère
L’angoisse de n’y arriver jamais
L’angoisse d’y arriver
Nous avons arpenté
un four à brique immense,
des corridors sals et couverts de poussière,
des escaliers étroits,
nous sommes passés devant
des fenêtres sans vitre
et des solives en bois
en nous demandant,
ce qui s’y passait,
à quoi cet endroit devait servir,
qui errait parmi les corridors,
qui montait les escaliers pour arriver où,
qui regardait à travers les fenêtres en voyant quoi dehors ?
Ce que nous voyons aujourd’hui ce sont
des piles de briques et de tuiles,
des tuyaux de ciment,
des éléments de construction en terre cuite
des lignes blanches par terre qu’il ne faut pas dépasser
le cadavre affaissé d’un chat au dessous de la première marche de l’escalier,
quelques graffitis presque délavés.
Ce que moi, je suis venue questionner ici,
c’est le chapitre le plus dur de l’histoire de l’Allemagne.
Les Milles ayant été un quai de départ pour Auschwitz
évoque la souffrance de tous les femmes, hommes et enfants
qui ont été poursuivis sous le troisième Reich.
c’est un lieu de l’inhumanité commise par des êtres humains
c’est à dire
un lieu où l’idée de la noblesse humaine bascule et où
en visitant quelque chose se déchire en moi.
c’est en ce sens que ces images me concernent
comme si la recherche de mes repères
passait par cet endroit
où les gens ont été détenus en froideur et sans savoir quel avenir les attendait.
ce qui pour moi se trouve ici
ce sont en rien des réponses,
mais le contraire: des questions à poser
le début d’une recherche qui continuera.
LES GENS DE BRIQUE
La brique
La fa
La fabrique fabrique les briques
La fabrique fabrique
les briques
et les briquets
Briquets et les briquettes
Et les gens fêtent.
Les gens
En
Les gens enjambent le jambon
en mangeant les briques
fabriqués à la fabrique
à l’abri de la fabrique
ils mangent les briques de bri
et les gens crient.
A l’abri de la fabrique
ils gênent les gens
ils jètent le gant,
ils jètent les gens par terre
en mangeant
le brie brisé par la brique.
Et les gens criquent.
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