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Sylvie (Marseille, Oktober 2005)

H.A.M. 0

Mamans cherchant leurs petits,
Petits cherchant leur Maman,
Quelques combattants survivants,
Prisonniers échappés,
Hordes d’hommes persécutés où qu’ils aillent,
Ils finissaient par atteindre une rive.
Là, ils assaillaient des refuges flottants
Pour errer vers d’autres contrées
D’où ils seraient une fois de plus expulsés.
Ces masses humaines luttaient pour la vie
Au risque de la perdre.


Nous avons longé une voie ferrée, avons traversé une cour, pénétré l’obscurité, vu les portes de fours géants et mystérieux, sommes montés dans un grand dortoir poussiéreux, vu une fenêtre qui donnait sur le vide, une verrière cassée éclairée par le ciel

En nous demandant : comment pouvait-on survivre dans un tel endroit ? Dieu savait-il que des étrangers étaient enfermés là ? combien d’hommes, de femmes, d’enfants avaient-ils été transportés sur ces rails , savaient-ils qu’ils mourraient ? Combien de femmes avaient sauté par la fenêtre leur enfant dans les bras ? Je me suis demandé : Klara croyait-elle encore revoir son bébé, son mari ?

Ce que nous voyons aujourd’hui , c’est une Vierge observant tout d’en haut, une horloge sans aiguilles, un tracé blanc au sol, qu’il ne faut pas dépasser, des tuiles de couleur ocre, bien rangées,une petite porte bleue cadenassée, un escalier étroit, des tuyaux incompréhensibles, d’épaisses poutres grises,de petite fleurs bleues délavées , des lattes de bois fendues, un petit monte-charge, un immense grenier poussiéreux, la photo d’une boîte à lettres, un jambon dodu flottant dans un océan, une saucisse géante portée par trois hommes, des fourchettes piquant des fesses, une étoile sur un wagon de marchandises.

Ce que moi, Sylvie Jozsefi, je suis venue me demander ici, c’est comment mes parents ont occupé leur temps, comment ont-ils pu supporter la douleur d’être séparés de tout,
C’est –à- dire de leurs parents, de leur fille, de leurs amis, de leurs racines.
C’est en ce sens que ce lieu me touche, me trouble, m’émeut
Comme si une partie de moi-même avait vécu ici, comme si ce lieu avait quelque chose à me dire où ils se sont attendus, ont espéré, désespéré.
Ce qui pour moi se trouve ici , c’est un morceau de leur vie, une trace, la transmission d’un souvenir qui m’obsède
Mais aussi le devoir d’honorer la mémoire de mes parents, de participer comme je pourrai à l’édification du mémorial en témoignant pour eux,
Quelque chose qui laissera une trace de leur passage ici.


Cheminée

chemin
chemin miné
maint chemin cheminé
née en chemin
née sans toi
Renée.
Sans toi et moi
Mois, heures, froideur.
Elle sans toi
Vous sans toit,
toi, toile, étoile.

Etoile, pâle
Etau, fléau, tôle.
Tôle et tuiles,tuiles sans toit,
moi sans toi,
toit, tuiles, tôle,
tôle, geôle,
talus, contrôle.

Talus, tûe, taupe,
Tapis, taudis,tant pis.
Tapis, patati
patates, Tate, Tatie
nantis ? tinette,dînette,
néant.
Talet.
Tenté, arpenté, hanté, terror
Norah, Sarah,
à mort, à tort,
on tortura
amis, partis.
Mamie, mie, miche,
Michel, moche, boche,
Amoché
Mosché
Shema Ima Ismaël
Israël

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